Alerte véto Quand les parasites tuent, même sans pâturage
Parasitisme. Le cas d’infestation à l’étable souligne l’intérêt des coproscopies, même sur des animaux n’étant pas sortis au pâturage, afin d’identifier précocement le problème et de cibler le traitement approprié.
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À l’occasion d’une visite de troupeau au mois d’octobre, un éleveur de montbéliarde nous montre une petite génisse de 10 à 12 mois qui n’arrive plus à se lever. Cette génisse n’a encore jamais été au pâturage, elle tousse un peu et est essoufflée. Elle a connu un épisode de diarrhée au printemps qui a été résolu avec de l’argile et un traitement symptomatique et depuis, elle présente un retard de croissance.
Le jour de la visite, la génisse couchée sur le sternum ne présente pas de fièvre, elle respire vite et a des bouses de consistance normales. Elle mange et boit. Mais en y regardant de plus près, elle est très anémiée (œil presque blanc) et a des poux. Le poil est piqué et elle n’a plus beaucoup de muscles.
Un parasite tropical nommé bunostomum
À ce stade, l’éleveur sait que les chances de survie sont faibles et seule une transfusion (en prenant du sang à sa mère) pourrait la sauver. Il est décidé de ne pas se lancer dans des soins coûteux mais d’avancer dans un diagnostic précis pour apporter un traitement de choix au lot concerné.
Bien sûr, beaucoup d’éléments sont en faveur de parasites internes et externes. Les poux, en nombre modéré, ne peuvent pas à eux seuls expliquer l’anémie. La génisse n’ayant jamais pâturé, peu de parasites internes de l’étable peuvent être responsables de ce défaut de globules rouges. Une coproscopie est réalisée ainsi qu’une analyse de sang. L’analyse de sang confirme une anémie majeure (taux d’hématocrite 9 %) que l’animal ne pourra pas gérer seul même si un traitement adéquat est mis en place. Mais surprise… dans les bouses d’aspect normal, on trouve de très nombreux œufs de parasites que nous ne connaissons pas à la clinique. Après identification par un parasitologue de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), il s’agit d’œufs de Bunostomum phlebotomum.
Il s’agit d’un parasite très répandu en milieu tropical et subtropical. Chez nous on peut le rencontrer principalement dans les étables. Les larves pénètrent dans le jeune bovin en passant à travers la peau ou quelques fois en étant ingérées. Ce parasite migre dans la trachée, il provoque des phases de petite toux. Il provoque également diarrhée, amaigrissement et forte anémie….un diagnostic de certitude est posé. Le lot reçoit une injection d’éprinomectine.
Une identification précoce pour cibler le traitement
Comme prévu, la génisse trop faible meurt et une autopsie est réalisée. Malgré le traitement la veille, de nombreux parasites sont retrouvés dans l’intestin….il s’agit bien là de Bunostumum !
La coproscopie réalisée sur des veaux n’ayant pas pâturé est intéressante car elle permet d’identifier précocement les problèmes parasitaires. En ce qui concerne ce parasite, il faut deux mois entre l’infestation et la présence d’œufs dans les bouses. Pour les parasites plus classiquement trouvés, comme strongyloides et coccidies, il faut que les veaux aient environ un mois. Étant donné que les traitements sont différents selon les parasites mais que la clinique est la même — chute de croissance, poils piqués, diarrhée sur veaux de plus d’un mois (seules les phases avancées de coccidiose donnent des diarrhées sanguinolentes) — l’identification précoce du problème est toujours intéressante pour éviter de traiter contre tous à la fois.
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